Les enfants de la guerre, Liban, 1976

Quelques jours après ces massacres, la réalisatrice libanaise Jocelyne Saab a retrouvé les enfants de la Quarantaine qui y avaient survécu. Elle les a filmés jouant à la guerre avec des bâtons en bois et des pierres, et par-dessus les images elle lisait ce texte : « Ces enfants libanais jouent à la guerre comme tous les enfants du monde. Ils miment les combats de rue comme d’autres miment dans la cour de récréation le western qu’ils ont vu hier à la télévision. Mais ici il n’y en a pas un seul qui n’ait perdu un père, une mère, un frère, une sœur. Ici, ils ne recréent pas dans un jeu la fiction d’un film mais la réalité quotidienne de Beyrouth. Ils jouent les phalangistes contre la gauche et les Palestiniens. Ce ne sont pas les cow-boys contre les Indiens, leurs armes paraissent toutes les mêmes mais eux savent déjà qu’une kalachnikov n’est pas une degtiarev, ni une simonov. Certains détails, certaines attitudes, certains gestes trop précis finissent par faire oublier qu’il s’agit de jeux et d’enfants. Ils ont de six à douze ans. À longueur de journée, ils répètent les scènes d’horreur qu’ils ont vu se jouer sous leurs yeux. »